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Adoption du règlement sur les carburants alternatifs dans le transport maritime : quelques victoires, plusieurs déceptions
Ce mercredi 19 octobre le Parlement Européen a adopté le règlement sur l’utilisation de carburants alternatifs dans le transport maritime (Fuel EU Maritime) (451 voix pour, 137 contre, 54 abstentions), après de longues négociations. Plusieurs commissions parlementaires ont planché sur ce texte pendant des mois, et j’ai représenté mon groupe au sein de celle dédiée à l’environnement.
Parmi les priorités que je portais : l’extension du champ d’application aux navires d’une jaune brute supérieure à 400 tonneaux, un objectif de 100% de neutralité carbone en 2050, la promotion de la propulsion vélique et la création d’un Fond Océan.
Je me félicite que ce Fond, qui a été créé dans le cadre de de la directive sur le système des échanges de quotas d’émissions votée il y a quelques mois, ait sa place dans le règlement Fuel EU, où il prévoit d’être alimenté par les pénalités. Dédié à la décarbonation du transport maritime et à la restauration de la biodiversité, il s’agit d’un instrument supplémentaire au service de la préservation de notre océan.
Pour autant le rapport tel qu’il a été adopté présente bien des déceptions. Le champ d’application retenu ne s’appliquera finalement qu’aux navires au-dessus d’une jauge brute de 5000 tonneaux. Inclure les bateaux de 400 tonneaux de jauge brute à partir de 2027 aurait pourtant permis de couvrir 81% de la flotte totale, et la quasi-totalité des émissions. Par ailleurs, le développement des nouvelles technologies de décarbonation se fait sur les petits et moyens bateaux ; les exclure va ralentir ce processus pourtant essentiel à la décarbonation du secteur maritime.
Car l’utilisation de carburants alternatifs seule ne suffira pas pour atteindre l’objectif de 80% de neutralité carbone en 2050 (objectif finalement retenu dans le texte final au lieu des 100%). Le complément propulsif des voiles, qu’elles soient souples ou rigides, est absolument indispensable à développer dans l’Union européenne pour accélérer la décarbonation du secteur.
Pour cette raison, j’ai fait du vélique ma priorité pendant toute la durée des négociations. Je suis donc fortement déçue que les amendements que je portais sur le sujet - notamment avec mon collègue Pierre Karleskind - aient été rejeté (à une centaine de voix près).
Il y a une pourtant une valeur économique certaine pour la filière de l’industrie navale à développer davantage cette technologie sur des navires décarbonés. Un nombre incroyable de projets voient le jour en Europe mais pourraient être construits hors de notre marché commun à cause de coûts liés à la main d’œuvre. Relocaliser la construction de ces bateaux au sein de l’UE constituerait un formidable boost de la compétitivité européenne.
Enjeu écologique, économique et avantage certain de matière de souveraineté : le développement du vélique est la voie de la durabilité pour le secteur maritime.
Je continuerai à me battre pour faire donner au vélique la place qu’il mérite, et pour faire de l’UE la championne des navires verts sur la scène internationale.