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Le Parlement européen vote pour un transport maritime plus efficace et plus propre
Aujourd’hui, en séance plénière, le Parlement européen a adopté un rapport d’initiative sur les mesures techniques et opérationnelles pour un transport maritime plus efficace et plus propre (Rapport Karima Delli).
Le transport maritime joue un rôle essentiel pour l’économie et le quotidien des européens, en ce qu’il transporte 90% des marchandises importées dans l’UE, assure la sécurité alimentaire, favorise le tourisme et participe aux recherches scientifiques.
En tant que rapporteure fictive pour mon groupe Renew Europe en Commission de l’environnement, je me félicite qu’il soit rappelé que le transport maritime devrait contribuer à la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Comme je le prône dans l’appel que j’ai lancé, « Océan bien commun de l’humanité », un océan en bonne santé et des écosystèmes marins et côtiers préservés et restaurés sont indispensables à l’avenir de l’humanité en ce qu’ils régulent le climat, et cela est de la responsabilité de tous, transport maritime compris.
Cela passe par un nombre important de mesures à promouvoir au sein de l’UE.
Tout d’abord, limiter et réduire les émissions, pour atteindre un objectif d’au moins 40% de réduction d’émissions de CO2 d’ici 2030, tout en incluant le transport maritime dans le Système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE-UE). Cela sous-tend le développement de « navires verts » avec une suppression progressive de l’utilisation du mazout lourd et des carburants fossiles, au profit de carburants alternatifs plus propres tels que l’hydrogène vert ou l’ammoniac et de nouvelles technologies de propulsion notamment vélique et solaire, ou encore par la réduction de la vitesse, la numérisation et l’autonomisation du secteur maritime. En ce sens, un système de label européen doit être mis en place pour favoriser le développement des « navires verts ». Pour embrasser cette transition écologique et énergétique il est également primordial de prévoir un financement adéquat pour la recherche et l’innovation.
Une autre demande du Parlement, que j’ai activement soutenue, vient compléter ces dispositions, l’extension des zones de contrôle d’émissions d’oxydes de soufre et d’oxydes d’azote (SECA/NECA) dans toutes les mers européennes, en coopération avec les pays tiers quand cela est nécessaire, comme avec l’exemple de la Méditerranée. Cela permettrait non seulement de réduire la pollution de nos mers, mais également de préserver la santé des citoyens en luttant contre la pollution atmosphérique des régions côtières qui touche les communautés locales.
Sur une même note, le Parlement demande à la Commission de procéder à une suppression progressive des scrubbers à circuit ouvert, qui malheureusement, transfèrent l’impact des résidus de métaux lourd et particules rejetés dans l’air vers l’océan. En ce sens, je suis absolument convaincue que la réduction des émissions dues au transport maritime et de leurs impacts sur le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique ne doivent pas être mises en œuvre d’une manière qui porte atteinte à la biodiversité marine, mais au contraire entrer dans le cadre d’une stratégie globale.
L’une des questions cruciales pour répondre à toutes ces exigences est celle des carburants dits « de transition » ou « alternatifs »; je constate qu’au sein de l'UE, les armateurs ont des analyses et des choix différents : par exemple, le GNL pour les français, qui pourront ensuite souter les mêmes navires avec des carburants alternatifs moins « émetteurs » (le GNL reste émetteur de méthane), ou l’ammoniac pour les danois, à terme décarboné. Il est regrettable que les acteurs européens n'avancent pas de manière plus coordonnée sur ces sujets majeurs de la transition.
Ensuite, est promue la mise en place d’un cadre d’action global pour la décarbonation des ports et zones côtières, avec l’objectif zéro-émission à quai. Cela devra se faire en favorisant l’analyse de cycle de vie des services portuaires, les branchements à quai, le report multimodal et en redonnant du sens au concept des autoroutes de la mer. Je suis par ailleurs ravie que les besoins d’investissements dans les ports d’outre-mer soient mis en avant, ils sont en effet à mes yeux indispensables afin d’en faire des pôles stratégiques notamment pour la production, le stockage et la distribution d’énergie propre.
Je suis également heureuse que ce rapport n’oublie pas l’importance de la construction navale durable, basée sur un modèle d’économie circulaire et d’approche du cycle de vie des navires, théorie selon laquelle des solutions durables doivent être appliquées de la conception, construction, utilisation, jusqu’au démantèlement des navires. Dans le contexte de l’après-crise COVID, l’UE a souligné la nécessité de renforcer la résilience, la souveraineté et de réindustrialiser de l’Europe. Le plan de relance est, selon moi, l’occasion pour l’UE de se concentrer sur la modernisation et l’écologisation de ses chantiers navals et de promouvoir le développement de technologies décarbonées, en prenant le leadership dans ce domaine d’avenir, il s’agit d’une réelle question de souveraineté.