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Retour sur ma participation à la Conférence des Nations unies sur l’Océan à Lisbonne

Du 27 juin au 1er juillet 2022, Lisbonne a accueilli la deuxième Conférence des Nations unies sur l’Océan, événement incontournable pour la coopération internationale pour la protection de l’océan. 6 000 participants, dont 24 chefs d’État et de Gouvernement, et plus de 2 000 représentants de la société civile, ont fait le déplacement. Cette Conférence, conjointement organisée par les gouvernements kenyan et portugais, visait à stimuler les engagements pour la mise en oeuvre de l’Objectif de développement durable (ODD) 14 consacré à la vie marine, en mettant l’accent sur la place de l’innovation et de la recherche dans la protection de l’océan et ses richesses.  

 Le Parlement européen à Lisbonne pour la Conférence des Nations unies sur l’Océan  
 Dans le cadre de cette Conférence, une délégation du Parlement européen, que j’ai co-présidée, s’est déplacée à Lisbonne dans le but d’engager des discussions avec les acteurs clés.  Nous avons notamment échangé avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur le rôle de la pêche et de l’aquaculture pour la sécurité alimentaire, ou encore, avec la plateforme Océan & Climat sur la nécessité de créer un IPOS (International Panel for Ocean Sustainability), soit l’équivalent du GIEC pour l’océan. Nos réunions bilatérales nous ont également menés à échanger avec M. Peter Thomson, envoyé spécial des Nations unies pour l’Océan, avec la délégation du Congrès américain présente à Lisbonne, avec des représentants du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ou encore d’ONG telles que WWF, Seas at Risk et Oceana, ainsi qu’avec des représentants de l’Autorité internationale des fonds marins et de la négociation pour un traité sur la haute mer.       

         
Echanges de la délégation du Parlement européen  avec Peter Thomson    Echanges de la délégation du Parlement européen avec le congrès américain

Les enjeux de la Conférence de Lisbonne pour la protection et la restauration de l’Océan  
Interrogé par les eurodéputés sur ce qui fera le succès de cette conférence internationale, M. Peter Thomson a répondu : « les montants que les États et les institutions internationales mettront sur la table pour mener à bien les actions en faveur de l’océan ». L’ODD 14 demeure en effet le moins financé de tous les ODD de l’Agenda 2030.

La gouvernance internationale de l’océan et la gestion de la haute mer étaient également au centre des discussions. Plus de 100 États se sont engagés de manière volontaire à protéger au moins 30% de l’océan grâce à l’instauration d’aires marines protégées (AMP). Les experts, les représentants de la société civile et les gouvernements ont ainsi appelé à l’adoption, sans plus tarder, d’un traité sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (traité BBNJ), qui devrait être à nouveau négocié en août 2022.  

 A l’occasion de cette conférence internationale, le Président Emmanuel Macron a également fait le déplacement à Lisbonne et a fermement positionné la France en faveur de l’interdiction de l’exploitation minière des fonds marins. De même, les Palaos et les îles Fidji ont saisi l’opportunité de cette conférence mondiale pour lancer une « alliance » demandant un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins.

       
Discussions à l’ambassade de France à Lisbonne, avec mes collègues eurodéputés,   Intervention du Président Emmanuel Macron à Lisbonne
Pierre Karleskind et Stéphane Bijoux, sur les enjeux maritimes

      
Enfin, les enjeux de la lutte contre la pollution marine par les plastiques et du développement d’une économie bleue circulaire ont animé nombre de discussions. Comme l’a souligné António Guterres, secrétaire général des Nations unies, d’ici 2050, l’océan regorgera, en termes de poids, très certainement davantage de plastiques que de poissons. Des États, comme l'Uruguay, ont encouragé une transition vers une économie plastique circulaire ; une position reprise par le Forum des îles du Pacifique et l'Alliance des petits États insulaires qui ont appelé à la mise en place d'un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique d'ici 2024, tel qu’il avait été décidé par l’Assemblée pour l’environnement de l’ONU (ANUE) réunie à Nairobi du 28 février au 2 mars dernier.  

 Les engagements de la Déclaration de Lisbonne  
 Ces cinq jours de Conférence se sont achevés avec l’adoption d’une Déclaration politique par les gouvernements représentés à Lisbonne. Dans celle-ci, les États s’engagent notamment à renforcer les efforts internationaux, régionaux, sous-régionaux et nationaux d’observation scientifique et systématique et de collecte de données ; à favoriser le partage des connaissances ; à reconnaître le rôle important des connaissances, innovations et pratiques autochtones, traditionnelles et locales ainsi que le rôle des sciences sociales dans la prise de décision ; à améliorer la coopération mondiale, régionale, sous-régionale, nationale et locale pour l’échange de connaissances, des meilleures pratiques et l’échange de technologies avec les pays en développement ; à renforcer la sensibilisation ; et enfin, à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport maritime international. Cette Déclaration met en exergue le rôle essentiel du milieu marin pour la vie sur notre planète et pour notre avenir, sans toutefois se référer à la notion morale de l’océan comme bien commun, et conclut sur la nécessité de vivre en harmonie avec l’océan.